lundi 22 août au dimanche 28 août 2016
La PTL® (Petite trotte à Léon) est l’une des 5 épreuves proposées dans le cadre de l’UTMB®.
Elle ouvre l’événement. Son concept est original et ses spécificités hors normes la distinguent des autres courses. L’esprit de la PTL® repose sur l’engagement mental, l’esprit d’équipe et d’aventure, ainsi que sur les valeurs sportives et celles de la montagne.
Cette épreuve d’ultra endurance pédestre emmène les concurrents sur un grand tour du Mont-Blanc (300km et 25000m de D+), parcourant des hautes routes, sans balisage au sol, ce qui nécessite un sens de l’orientation sur et hors sentiers. Chaque année le parcours différent permet de découvrir la richesse et la diversité des chemins français, italiens et suisses du massif du Mont-Blanc.
La PTL® se réalise en équipes de 2 ou 3 indissociables et solidaires, sans classement final. Les équipes évoluent dans un milieu montagnard rude et exigeant un niveau technique, physique et mental certain.
Au regard des difficultés inhérentes à cette épreuve, les candidatures sont sélectionnées sur un dossier d’expériences présenté par chaque équipe constituée.
AVERTISSEMENT
L’itinéraire emprunté par la Petite Trotte à Léon comporte des passages techniquement beaucoup plus difficiles que ceux rencontrés sur la plupart des trails (notamment l’UTMB®). Il requiert de très bonnes connaissances du milieu de la montagne.
Des passages peuvent présenter des dangers objectifs : pentes raides, risques de chutes de pierres, sentiers très étroits, traversées d’éboulis et de névés, absence par endroit de sentier ou de trace clairement définie…
Le parcours est NON BALISE et le plus souvent LOIN DES ZONES HABITEES. Il est à réaliser en autonomie entre chaque base-vie et refuge partenaire.
Afin de progresser en sécurité les concurrents doivent maîtriser les techniques de navigation avec GPS et posséder les connaissances nécessaires à l’utilisation d’une carte, d’une boussole et d’un altimètre. Ils doivent aussi être capables d’affronter des conditions naturelles difficiles.
106 équipes : 1/3 de 2 équipiers, 2/3 de 3 équipiers
15 nationalités
Le décor est planté.
Je ne vais pas vous faire un récit jour par jour de notre aventure, ce serait trop long et pas facile pour moi à traduire par le texte la beauté des sites traversés dans les 3 pays, les émotions que nous avons ressenties ensemble tout au long de ces 6 jours et 6 nuits, l’esprit de notre équipe très unie dans les moments moins faciles, l’engagement mental de chacun……
Vous comprendrez peut-être mieux avec les photos (toutes prises par nous trois) et un résumé global.
Tout commence fin 2015 : J’avoue que j’ai hésité quelques semaines avant d’accepter la proposition de mon ami chamoniard Sébastien de monter une équipe et proposer notre dossier pour la PTL.
La distance ne m’effrayais pas, mais les difficultés techniques et la haute montagne, ce n’était pas mon quotidien……
Je ne connaissais pas Thierry, 3ème équipier, finisher de 4 éditions, sa bonne expérience en orientation, sa connaissance et gestion de l’épreuve et du terrain va me convaincre à sauter le pas pour cette grande aventure de …..300km et 25000m+ sans balisage où il faut un sens de l’orientation sur et hors sentiers, sentiers souvent très engagés entre 2000 et 3000m.
Après 6 jours et 6 nuits, à peine 10h de sommeil au total, je suis sur mon petit nuage…..cette grande aventure humaine va rester longtemps dans nos mémoires.
Avec Thierry et Sébastien , c’est une équipe très homogène avec une vraie bonne ambiance et un énorme mental qui a bouclé la boucle en 148h.
Nous avons évolué dans des paysages magnifiques sous un chaud soleil….France, Suisse, Italie, que la planète est belle.
Je n’ai pas vu passer cette merveilleuse semaine, pas de problème physique, sinon une inflammation des talons dans le dernier 1/4 de l’épreuve, peu de « coups de moins bien », quasiment jamais sommeil……que du bonheur, la satisfaction d’ être le seul + 60ans à terminer l’épreuve et d’avoir pu suivre sans difficulté mes 2 jeunes équipiers, seule la chaleur m’a parfois contrarié dans notre progression.
Lundi 22 août à 9h : départ de la PTL, traversée de Chamonix avec notre sac à dos comprenant un conséquent équipement obligatoire, même avec une météo très chaude annoncée pour plusieurs jours. Avec la réserve d’eau au maxi, ça pèse entre 7 et 9kgs !!!
Equipement individuel obligatoire
Réserve d’eau minimum 2 litres
Réserve de nourriture énergétique de sécurité
2 lampes en bon état de marche avec piles de rechange en quantité suffisante pour la semaine
Couverture de survie (minimum 140x210cm)
Sifflet
Téléphone mobile avec option internationale (pas de numéro masqué)
Un chargeur (solaire, portable, rechargeable…)
1 tee-shirt en tissu respirant
2 sous-vêtements chauds à manches longues en tissu respirant
1 veste et 1 pantalon en tissu respirant et 100% imperméable
Un poncho imperméable
1 pantalon ou collant de sport long
1 paire de lunettes de soleil
1 paire de gants
1 bonnet
1 bâton lumineux à casser (fourni par l’organisation)
1 poche poubelle (fournie par l’organisation)
1 gobelet multi-usages
Boussole et altimètre
Couteau
Crampons (avec pointes 1cm minimum)
Equipement obligatoire par équipe
1 GPS sur lequel auront été téléchargées les traces fournies par l’organisation. Cet appareil doit pouvoir accepter au moins 20 traces d’au moins 5000 points chacune.
Le Roadbook et les cartes du parcours fournis par l’organisation
Une tente de bivouac légère ou un abri de survie (100% étanche à la pluie et au vent et suffisamment grande pour permettre aux équipiers de se mettre à l’abri en cas d’imprévu ou de très mauvais temps).
Une trousse de secours permettant de soigner les petites blessures et les affections bénignes (liste non exhaustive en annexe).
Argent liquide (euros et francs suisses), la plupart des refuges n’acceptant pas les cartes de crédit. pièces d’identité exigée par les administrations douanières.
–2 bases vie ouvertes 24h/24 où les concurrents disposent gratuitement de dortoir, repas et sac d’allègement
–les refuges partenaires, ouverts 24h/24, où les concurrents disposent d’un hébergement gratuit, le plat à prix conventionné ou tout autre nourriture étant à leur charge.
–tout autre refuge non partenaire est à la charge totale des concurrents.
–L’assistance n’est tolérée que dans les bases-vies mises en place par l’organisation. Elle est strictement interdite en tout autre point du parcours, y compris les refuges, les traversées de village ou de route, sous peine de disqualification immédiate.
En quittant Chamonix, c’est aussitôt une 1ère montée le long du glacier des bossons et le lac bleu soit 1300m+.
Traversée de Moraines, direction la mer de glace par le signal et redescente au village des tines vers 16h. La flègère, col de la glière à 2468m et arrivons vers 23h au refuge.
Une bonne 1ère journée, un 1er repas au refuge partenaire de Moede Anterne. Nous décidons de nous reposer 1h30 pour ne pas faire la descente du Mont Buet très technique de nuit.
… Thierry et Sébastien peuvent malgré tout un peu dormir. Les deux autres nuits seront pareilles…..donc 3 nuits blanches pour moi.
Nous repartons dans la nuit pour arriver vers 8h au mont Buet (3068m) et descente technique au jour.
Nous arriverons au village du Buet mardi vers 14h après le passage du col corbeau (2626m).
Après avoir passé le col de Balme à 18h, une nouvelle grosse difficultés se présente : la crête des autannes (2679m+) très technique et engagée.
Au sommet nous basculons en Suisse . Descente vers le chalet des grands (refuge non partenaire) où nous prenons une bonne soupe avant de finir la descente et « attaquer » de nuit la fenêtre d’Arpette, le long du glacier de Trient à 2633m. Nous arrivons à minuit, suivi de la descente technique et interminable vers Champex que nous atteignons mercredi vers 4h du matin.
Champex est la 1ère base de vie à 90km. Nous y retrouvons notre sac d’allègement. Cette base de vie est installée sous tentes pour l’UTMB (2300 coureurs) et aurait dû suffire largement aux coureurs de la PTL …..Nous pensions pouvoir prendre notre 1ère douche, l’eau était froide, sinon glacée, tant pis et le dortoir était complet. L’organisation a pu nous libérer 3 places pour 2h….comme la nuit précédente, je n’ai pas dormi. Nous nous sommes changé et repris le chemin vers Orsières.
Cette journée de mercredi va se dérouler en Suisse sans problème dans des paysages magnifiques. Montée à partir d’Orsières vers la cabane de Mille (2484m) puis le mont Rogneux (3084m)
sans oublier le passage au dessus de l’immense glacier de Corbassière. Arrivée à la nuit au refuge de Mauvoisin (ravitaillement organisation).
40lits dans ce refuge….tous occupés. Nous prenons un repas sur la terrasse et on nous emmène dans un local avec une dizaine de lits installés (dont 3 libres) et dans lequel on y accède par….la fenêtre en passant d’un côté et l’autre sur des chaises !!!!
Avec à côté la cuisine, bruits, conversations, allées et venues des coureurs (par la fenêtre)……nous avions prévu un arrêt de 3h….il sera plus court et 3ème nuit blanche pour moi. Nous repartons dans la nuit par les 2km (environ) de tunnels sous le barrage Mauvoisin. Nous évoluons entre 2000 et 2800m et atteignons la fenêtre Durand (2801m), (frontière entre la Suisse et l’Italie) jeudi matin au lever du jour.
La journée de jeudi va aussi être très chaude. Après une longue descente vers Ollomont (1300m-) nous arrivons au refuge partenaire de Champillon (2288m).Très bon accueil et repas chaud et nous nous attardons pas trop pour terminer la montée et arriver au beau refuge partenaire de Fallère (2373m) en fin de journée via le col de Tardiva (2445m).
A Fallere c’est le grand luxe. Pas mal d’équipes sont présentes. Excellente soupe et repas chaud pour nous trois. Puis nous demandons s’il est possible d’avoir un dortoir (hors coureurs) …..et miracle, c’est ok, pour 20 chacun nous allons pouvoir prendre notre 1ère douche (chaude) dans « notre » salle de bain et dormir nos trois 1ères heures profondément. Il était temps, j’en avais vraiment besoin…..
Lever en pleine forme, déjeuner chocolat chaud et c’est reparti de nuit pour la journée de vendredi. tête des Fra , col sérena (2450m) et c’est près de 1600m– vers la seconde base de vie à Morgex (km210) en plein midi et 30°.
Béatrice, Yohann, Florence, ses parents sont là pour nous assister (assistance possible aux seules 2 bases de vie). Un bon plat de lasagnes dans la chapelle dédiée à cet effet !!!, Changement de vêtements et remplacement du sale par du propre dans nos sacs, le plein de nourriture et c’est reparti pour la montée la plus difficile pour nous, de 931m à 2434m (1500m+) plein soleil, un sentier au début puis hors sentier pleine pente. Il nous faudra l’après midi et les réserves d’eau à sec…..le mont cormet, nous l’avons encore bien dans la tête…
Nous arriverons au village de la saxe à côté de Courmayeur en fin de journée et attaquons la montée du mont chétif (2434m) de nuit …..dont la via ferrata ….chaines, cables…plusieurs centaines de mètres au dessus de COURMAYEUR illuminé, sans être assuré, sac à dos sur le dos, une 1ère pour moi …c’est chaud !!!
Nous allons y passer plusieurs heures, la descente nous parait interminable et nous arrivons enfin au refuge de maison vieille samedi vers 2h du matin….soit 24h à crapahuter. Dure journée que ce vendredi, adoucie par la beauté des paysages.
Maison vieille n’est pas un refuge partenaire. Il est réservé à l’UTMB, c’est un ravitaillement et les 1ers vont bientôt passer. Nous allons quand même nous restaurer et trouver 3 places pour dormir 3 heures.
Je suis devant la fenêtre, éclairée par la grosse boule PETZL, le feu de camp crépite, l’orchestre joue, les accompagnateurs et bénévoles encouragent les coureurs de l’UTMB……mais rien ne va me réveiller, ni Thierry et Sébastien.
C’est reparti au lever du jour, direction le col de la Seigne en passant par le mont fortin (2752m)
. De maison vieille , nous croisons les coureurs de l’UTMB sur 3 km dont Céline LUCAK ….une petite bise au passage, des encouragements mutuels et c’est reparti.
Passage au col de la Seigne vers midi et nous sommes de retour en France. La montée au refuge Robert Blanc (2804m) va nous demander quelques heures avec une succession de passages techniques, moraines et torrents à traverser.
Col de l’enclave 2642m et descente vers le refuge de la Balme. (1706m).
Ce n’était pas prévu, mais c’est la montagne et l’orage gronde autour de nous. Nous arrivons à la Balme vers 21h. Ce refuge est non partenaire et nous achetons un panier froid randonneur que nous mangeons sur place. Ca gronde de plus en plus et c’est un festival d’éclairs en fond de vallée vers Chamonix.
Nous nous équipons pour la pluie et après quelques gouttes ça s’arrête. Mais l’organisation nous demande d’attendre 3h sur place !! Après une heure et leur signalant que nous n’avions pas de pluie l’autorisation nous est donné de descendre jusqu’au pont romain. Nouvel arrêt pour 3 à 4 équipes et redépart autorisé.
Nous remontons vers les chalets du truc à 1800m+, refuge non partenaire , où nous avons réservé dans la journée 3 places pour une partie de la nuit, car bien que ce soit possible, nous avions décidé avant la course de ne pas arriver de nuit ou au petit matin à Chamonix dans l’indifférence ….Les autres équipes ont continué, nous avons perdu 8 à 10 places, mais peu importe. Nous avons dormi environ 3h et sommes reparti au lever du jour redescendre vers le chalet de Miage
.
Ravitaillement léger et changement par l’organisation de notre balise GPS qui n’émettais plus depuis le pont romain….ce qui a inquiété Monique qui suivait l’équipe, d’autant qu’elle pas eu de nouvelles de la semaine. Sur les courses, je n’utilise jamais mon téléphone, sauf problème, car je veux rester dans ma bulle, mon aventure sans contact avec « la civilisation »…..sur 2 jours, ça va, sur 6 jours je lui concède que c’est trop long pour elle.
C’est reparti pour la dernière matinée. Après nos quelques heures de repos, nous sommes en pleine forme (ou presque) et nous allons avaler le col du tricot (1730m) à bonne allure. Descente vers Bellevue et dernière montée au mont lachat (2000m) avant la dernière descente de 1200m- aux Houches .
Quelques kms sur le sentier des Houches à Chamonix, le long de l’Arve en passant par les gaillands
et nous arrivons par la rue piétonne un peu après 13h sous les acclamations d’un public nombreux, terrasses des cafés et restaurants remplis…..la musique de la PTL….frissons et petites larmes garantis…..Nous terminons 36ème équipe en 148h sur 106 au départ et 48 à l’arrivée, 55% d’abandons ce qui montre les difficultés de cette petite trotte (moyenne 50km et un peu plus de 4000m+ par jour pour nous)
Un grand merci à mes 2 amis Sébastien et Thierry qui m’ont proposé de faire équipe avec eux, et m’ont fait confiance à partager cette belle et inoubliable aventure humaine.
Merci aux organisateurs et bénévoles que nous ont permis de vivre ces moments exceptionnels.
A quand une prochaine belle histoire ???