Mercredi 28, jeudi 29 août 2019 : UTMB : CHAMONIX SOMMET MONDIAL DU TRAIL
La TDS était le second gros objectif de l’année après le MIUT (115km 7200m+)à MADERE fin avril.
Il y a déjà quelques années que je pensais faire cette TDS, mais il n’y avait pas de place dans mon calendrier d’ultras . Entre L’UT4M (160km 10000m+) à Grenoble puis quelques années plus tard le même en 4 étapes, 2 grand raid de la Réunion en 2015 et 2017, la petite trotte à léon (300km 26000m+) en 2016….
Enfin l’an passé, c’est l’inscription…..sauf que je n’ai pas été pris au tirage au sort….tant pis ce sera SIERRE ZINAL (course mythique en Suisse de 32km 2000m+). je renouvelle mon inscription cette année et le tirage au sort m’a été cette fois favorable.
La TDS c’était jusqu’en 2018 environ 120km et 7300m+ mais cette année, le Beaufortain souhaitant un passage dans leurs beaux paysages depuis des années, les organisateurs font le pas et ce sera 146km et 9100m+ ….un petit UTMB (171km 10000m+)
Belle, technique, sauvage, exigeante, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la TDS®. Acronyme de « Sur les Traces des Ducs de Savoie », la TDS® relie le Val d’Aoste à la Savoie, à la découverte des villages du tour du Mont-Blanc et des massifs qui les entourent.
Parcourir ce terrain de jeu unique, c’est emprunter des sentiers où se mêlent l’histoire et la montagne, la technicité du terrain et la bienveillance de ses habitants. En plus de son traditionnel départ à Courmayeur, en 2019, la TDS® part à la découverte du Beaufortain ! En proposant une traversée des lieux incontournables du massif tels que le Pas d’Outray, avec sa vue imprenable sur la Pierra Menta et le Grand Mont, lieux mythiques du ski-alpinisme, mais aussi Hauteluce avec ses hameaux typiques et sa vue imprenable sur le Mont-Blanc, c’est une TDS® revisitée qui attend les coureurs.
Avec ses paysages uniques au monde, son ambiance conviviale et montagnarde, et ses nombreux points de passages remarquables, la TDS® est plus que jamais une course de classe internationale et l’aventure d’une vie. A vous de venir écrire l’histoire de la TDS® !
Après l’UTMB en 2004, 2007 et 2012, la PTL en 2016 c’est donc reparti pour une course de L’Ultra Trail du Mont Blanc.
Nous arrivons à Chamonix mi août à notre village vacances préféré (Touristra « Les tines ») 2 semaines avant la course, de quoi s’habituer aux terrains, et passer le plus d’heures possible au dessus de 2000m afin d’augmenter un petit peu les globules rouges bien utiles en altitude….les purs montagnards en sont déjà bien fournis, un petit avantage sur les coureurs de plaine.
L’entrainement est quasi terminé, je ne vais faire que quelques sorties rando-course avec mon ami Pierre ( qui fait l’UTMB), 3000m de D+ et – au total avec descentes cool.
La veille de la course, quelques kms de « réveil musculaire » avec 2 grands champions , Nathalie MAUCLAIR et Christophe LE SAUX à l’invitation de l’équipementier Raidlight….les échanges avec des athlètes de haut niveau sont toujours enrichissants quand ils sont abordables, c’est souvent le cas en trail.
mardi 27 : remise des dossards, contrôle (très pointu) du matériel et visite du salon des équipementiers, partenaires et des grandes courses nationales et internationales….un vrai marché de Noël.
Mercredi 28 : …Ça commence tôt avec le lever à 1h du matin après « une nuit » sans quasi de sommeil….l’excitation d’avant course…
Départ en bus à 2h30 vers COURMAYEUR par le tunnel du Mont-Blanc. Sur place , remise des sacs consigne et direction la ligne de départ où attendent déjà des centaines de coureurs.
L’ambiance et la musique de départ sont réduites au minimum, l’organisation mettant une place des actions (parmi d’autres) pour éviter la pollution sonore. Ce qui se comprend en pleine nuit et pleine ville.
Je me retrouve au milieu du peloton de 1800 coureurs par hasard avec un Rémois et un Chalonnais, entourés de toutes nationalités et de tous continents.
…Pour nous reconnaître et utiliser la bonne langue, nous avons tous à l’arrière de notre sac à dos notre Nom et notre drapeau national….mais je n’ai pas réussi à converser en course avec les chinois, japonais, coréens, lituaniens et autres colombiens….eux non plus d’ailleurs, mais nous nous comprenions quand même dans notre langage des signes du coureur.!!
L’attente du départ fut courte : 4h du matin et c’est parti pour quelques dizaines d’heures. La météo est correcte, il ne fait pas froid, ni chaud d’ailleurs et l’organisation n’a pas eu besoin de déclencher le kit canicule ou le kit grand froid , ce qui nous aurait obligé à des vêtements et/ou équipements complémentaires. Notre équipement obligatoire est déjà conséquent (mais nécessaire en montagne), pour ma part 4kg boisson et ravitaillement compris.
Physiquement tout va bien, mentalement c’est toujours du 100%.
Je vais partir doucement, encore plus cette fois ci car les commentaires des organisateurs et de la presse ainsi que les anciens participants mettent l’accent sur les difficultés de cette TDS new look : kilométrage, difficultés techniques et dénivelé…un peu plus dur que l’UTMB. Concernant le dénivelé c’est 63m x km pour la TDS contre 58m pour l’UTMB. Ça parait peu, mais sur une sortie club du dimanche matin ca ferait 150m+ en plus sur 20km, j’en connais qui « râleraient » un peu…..je ne cite pas de de nom…
LA COURSE :
Parti en 2ème partie du peloton, traversée de Courmayeur et c’est très rapidement la 1ère montée vers le col Checrouit (1947m) par un large chemin et donc aucun bouchon.
Il fait 12° au départ, plus frais en altitude mais je vais rester toute la course en tee shirt, même si c’était limite froid la 2ème nuit.
Ca continue de monter jusqu’à l’Arête du Mont Favre à 2430m suivi d’une descente de 450m- et un bon et long chemin plat du lac Combal. Ces 16 premiers km de course sont l’inverse du parcours de l’UTMB.
Après quelques bouchons dans la montée de l’Arête c’est aussi le cas pour monter au col de Chavannes (2600m). Mais bon ce n’est pas du temps perdu, ça se rattrapera.
Col de Chavannes : 20ème km , je retrouve des Champenois, plutôt nous nous retrouverons à 4 : Eric LAMBERT de trail aventures, Christophe DEBRUN (un copain de Nicolas COLIN) ainsi qu’un autre coureur du COCAA de Châlons)….photo souvenir….les deux premiers termineront en 40h40′, le troisième ???
4h de course et c’est une belle et longue descente de 8km vers Alpetta, je déroule bien , perd mes compagnons de route et c’est la remontée vers le Col du petit Saint Bernard (2188m).
Pour la petite histoire à Alpetta, Romain SOPHYS m’interpelle et m’encourage, je suis surpris de le voir, il suit quelques coureurs d’Argonne (Romain un ami également de Florent vient de battre un record off en solo : la traversée des Alpes sur le GR5 : 620km 40000m+ en 160h…chapeau bas. Je le félicite à nouveau et nous nous reverrons 2 fois sur le parcours…)
6h de course pour 36km et 2400m+ avant une très longue descente vers BOURG ST MAURICE (1350m-) parfois roulante, parfois technique, ça se passe bien , je double pas mal de coureurs.
Bourg st Maurice km 51. Je prends du temps de souffler un peu et me ravitailler. Je n’échappe pas au contrôle de mon équipement….tout est conforme ….pas de pénalité.
IL est environ midi, bien ravitaillé, bien hydraté pour attaquer le gros morceau : la montée vers le fort de la Platte avec 1150m+ puis encore 750m+ jusqu’au passeur de Prolognan soit 1900m+ dans la chaleur mais sans excès c’est 3h30 pour à peine 12km.
Et ce n’est pas fini avec la grosse difficulté : la descente du passeur de Pralognan (2558m) , une falaise à descendre assuré avec des cordes, avec l’aide du GPHM ….pas plus de 5 par corde..
16h30 :arrivée au Cormet de Roselend puis direction LA GITTAZ avec à nouveau des passages très techniques dans la descente …ça n’avance pas….
Remontée de 570m+ puis on navigue à plus de 2000m entre la côte d’Ani et le pas d’Outray à 2173m.
20h40 , la nuit va tomber, je mets la frontale pour les 8km de descente et 1400m- vers Beaufort et sa base de vie : 91km de course. J’ai beaucoup apprécié les paysages et pâturages du Beaufortain, ses troupeaux de vaches, ses lacs, étangs et nombreux ruisseaux, la montagne « se purge » encore.
A Beaufort arrêt de 30′ : récupération de mon sac de change, changement uniquement de chaussettes et de slip, le reste y compris les chaussures ne me posent pas de problème, je mange 2 gâteaux de riz et bois un café pour la nuit.
Mon amie Julie (29ans compagne de Pierre) bénévole à Beaufort toute la journée et la nuit après avoir terminé l’Echappée belle à Grenoble une petite semaine avant m’assiste et envoie une photo à Monique….pour constater que tout va bien.
IL est presque 11h du soir et j’attaque le dernier tiers de la course.
Montée vers Hauteluce à 1149m, puis vers le col de Véry à 1961m. Vient ensuite 7km de parcours vallonné sans difficulté. Il est environ 3h du matin, je suis souvent seul et le sommeil me gagne. Difficile à passer ce cap d’environ 20′ au moment du cycle de sommeil profond. Ça devient sérieux quand je commence à parler inconsciemment tout haut pour dire des phrases sans queue ni tête !!! (d’autres ont des hallucinations ou tombent par terre à dormir, j’en verrais quelques-uns sur le parcours…jour et nuit d’ailleurs).
Dans ce cas, il faut que je me concentre sur quelque chose : parler avec mes compagnons de route…mais je suis seul, compter les vaches mais il fait nuit, chanter un peu, compter les pierres plates, les ruisseaux, les bouses de vaches….et ça finit par passer.
4h20du matin : arrivée au col du Joly (1989m). Il n’y a pas grand monde. Après 24h de course, les places sont quasi faites et les écarts entre coureurs sont importants.
je suis toujours aussi bien, aucun problème physique, ni alimentaire.
A partir de là ma course va changer à cause d’un élément que je n’ai jamais connu.
Le responsable de la prise des temps à qui je n’ai rien demandé m’annonce 1er master 3 ( En course, je ne veux pas savoir où j’en suis, ni en place, ni en catégorie, pour ne pas me mettre la pression et continuer à gérer à mes sensations, d’ailleurs je ne lis et ne réponds jamais aux appels téléphonique et messages sauf code d’urgence avec Monique; pas de GPS, cardio ou altimètre non plus).
Bref je suis surpris….(agréablement)….Je me ravitaille et je m’apprête à repartir….quand marche arrière, je demande où se trouve le second ?? car si je pouvais garder cette 1ère place, inespérée au départ, ce serait ma 200ème victoire en 10 ans de master 3 (y compris les courses à étapes et les duathlons). Un simple petit challenge perso, mais ça aurait « de la gueule » sur cette course de niveau internationale, plutôt que sur une « petite » course régionale.
On m’annonce 25′ d’écart à la prise de temps précédent….une misère alors qu’il reste une trentaine de km et 7 à 9h de course. Une descente mal maîtrisée , un coup de moins bien et tout change. Ma stratégie de course va de fait changer aussi un peu, il va falloir mettre le turbo (ou le DRS en formule 1…voir google)) et prendre des risques car je ne sais pas comment s’est déroulée ma course en master 3 ni celles des autres.
Les risques vont commencer par la descente difficile vers les contamines de 820- à un bon rythme avec 2 autres coureurs qui vont me laisser car …..changement de batterie de ma frontale et quelques minutes de perdues.
En bas il reste 4kms de faux plat montant pour arriver aux contamines tout en courant et rattraper quelques coureurs.
Au Contamines, il fait encore nuit…..ravitaillement express. Je repars pour les 21 derniers kilomètres que je connais bien car c’est la fin de parcours de la PTL 2016 et je sais ce qui m’attends, je vais pouvoir gérer en conséquence.
Montée aux chalets du Truc, petite descente technique aux chalets de Miage avant le dernier gros morceau : le col du Tricot à 2120m.
Au refuge de Miage, la pancarte indique 2h de montée (pour les randonneurs moyens). Je ne relâche pas mes efforts et mettre 40′ pour arriver au sommet. Il reste 1200m- pour arriver aux Houches. J’ai besoin de souffler en haut du col et faire la descente vite mais sans prendre trop de risques (failli tomber 2 fois).
Passerelle de BIONNASSAY en marchant….car ça hoche un peu…. avant une remontée de 150+ dans des gros rochers….. pas agréable et direction Bellevue par un chemin en balcon avant de traverser la voie du tramway du mont blanc.
Il 9h20 du matin, le soleil commence à chauffer. je vais faire la descente des Houches comme « un manche ». Bien que facile, je n’arrive à dérouler, cherche mes appuis sans plus beaucoup de souplesse dans les quadriceps, quelques coureurs me doublent , j’ai beaucoup donné dans les 20 derniers kms….bref je suis fatigué après bientôt 30h de course.
L’arrivée aux Houches est un soulagement. je me renseigne de l’avancement du second master 3…..environ 20′ d’écart aux contamines….pas de quoi s’amuser en chemin. je repars sans me ravitailler pour les 8 derniers kms sans difficulté le long de la rivière l’Arve.
à L’entrée de Chamonix, Hervé et Céline LUCAK viennent à ma rencontre et m’accompagnent les 2 derniers kilomètres.
Il est un peu plus de 11h, les cafés sont pleins, la rue piétonne aussi, les bravos, les applaudissements, les encouragements, j’en prends plein la vue et plein les oreilles et je fais aussi monter la pression. Dans le dernier kilo, je prends mon temps, je savoure ces instants de joie partagée.
C’est l’arrivée. Monique m’accueille avec neveux et nièce, le club : Hervé, Céline LUCAK et Claude ARNAUD, son épouse et mes amis de Chamonix…que du bonheur.
J’ai du mal à réaliser ce que j’ai fait. C’est ma course d’ultra trail en montagne la plus aboutie en plus de 20 ans et plus d’une dizaine de courses de ce format … meilleure moyenne horaire, sans aucun souci physique ni alimentaire. Seul un accrochage de rocher dans la descente du passeur de Prolognan et une chute dans la boue sur les fesses dans le BEAUFORTAIN. Le second master 3, un américain, arrive ….11′ derrière moi….ce n’est rien après 31h de course mais c’est dur pour lui.
Après m’être renseigné sur ma place au général, je prends des nouvelles de Thierry qui est toujours en course et qui va bien terminer.
Suite à l’Ironman de Nice et le manque d’entrainement spécifique, c’est une belle place de 629ème.
J’ai aussi une pensée pour Yannick LEVERT, blessé qui n’a pas pu prendre le départ….nous aurons d’autres courses ensemble.
Place à la bière d’arrivée offerte par l’organisation ….et comme c’est une grande course, nous avons droit à une 33cl….si ça n’apporte rien à la récup ….. ça fait drôlement plaisir!!!
20h : Remise des prix, place du triangle de l’amitié
–233ème en 31h 11’41 » pour 145.9km et 9133 M+ (données officielles)
–1785 partants / 1091 arrivants (39% D’abandons)
–1er master 3 sur 47 partants / 20 arrivants dont 13 étrangers.
-629ème : Thierry LECOURT : 37h13’54 »
Classement TDS
Quelques réflexions d’après course.
Même si ce résultat m’a surpris, il n’est pas non plus le fait du hasard. Certes il y a des jours où tout se déroule bien, d’autres où rien ne se passe comme espéré mais je réponds à mon ami Christophe CONGIUSTI : non, il n’y a pas un gène spécifique à la famille Paroli mais plutôt beaucoup de travail au quotidien pour Florent, Céline et moi et j’admets aussi que nous ne vieillissons pas tous à la même vitesse…..
Après le MIUT à MADERE ( 115km 7200m+), malgré la réussite, j’avais subi la fin de course à cause des descentes où les jambes n’ont pas tenu la distance dû à un manque de préparation en dénivelé négatif
Donc pas question de renouveler l’erreur pour la TDS.
Après les indispensables semaines de régénération/ récupération j’ai refait un plan d’entrainement conséquent:
A partir de Mai progressivement : 700km de CAP 11300m+- et 2400km de vélo ainsi que 2 séances de PPG soit environ 4h par semaine
Et surtout beaucoup de courses de préparation soit 349km au total en 10 courses et 26180m+-
avec plus de 1000km et 37000m de D+ et D- le tout réalisé avec toujours le plaisir d’un gamin….ça devait le faire. Mais en Ultra trails, rien n’est jamais acquis d’avance.
Merci à Monique qui me soutient et m’encourage avec toujours un peu d’appréhension dans les longues heures d’attente, merci pour vos encouragements.
Bravo à mes amis de Chamonix. Nous avons fait une course différente cette année, mais tous avons bien réussi
-Julie sur l’échappée belle
-Pierre sur l’UTMB
-Sébastien sur la CCC
Un bon rétablissement à Jean-Luc (père de Julie) abandon sur la CCC sur chute rédhibitoire.
Samedi 31 août : Arrivée de l’UTMB
J’ai eu la chance de pouvoir assister en tribune à l’arrivée de l’UTMB de Pau CAPELL (171km 10000m+) en 20h19′ avec record de l’épreuve. Des millers de personnes dans Chamonix, la musique De Vangelis « conquest of paradise » …..une ambiance de folie .. les poils se hérissent !!!!
Pour le plaisir des yeux ….quelques photos de vacances de la vallée et du massif.