Dés la connaissance du projet en 2011 d’une nouvelle course d’Ultra en GRECE, je l’ai mise dans mes objectifs 2012. Au fil des mois , Hervé GOMES, puis Claude AUBRY et enfin Franck PLANCON me rejoignent.
Au fur et à mesure des infos sur le site de la course, et connaissant l’autre course dans le Péloponnèse , l’ Olympienne (186km), cette épreuve devrait être difficile par sa longueur (255km) et son dénivelé annoncé à >3000m+ et > 4000m-. Mais le parcours devrait être magnifique.
Nous avons tous les 4, bien préparé l’événement, en prenant comme référence l’ Olympienne ….plus 70km avec un dénivelé et un % route/piste quasi identique.
Nous nous attendions à une course difficile et du spectacle, nous n’allons pas être déçu!!
40 coureurs et 11 nationalités au départ sur les 52 inscrits (il manque une dizaine de Grecs pour cause d’élections imprévues).
départ à 18h de DELPHES devant le célèbre site archéologique sous un chaud soleil. Nous descendons les 600m de dénivelé par des monotraces, pistes et routes jusqu’au bord de mer à ITEA à environ 10km.
Puis ce sera la route du bord de mer jusqu’à RIO (108km).
La nuit arrive vite, nous sommes tous les 4 parti prudemment et 1ère surprise la route n’est qu’une succession de côtes, faux plat et descentes jusqu’à 50m+/- mais aussi sur le bord de mer….le tout sous un vent de face en rafale,….nous courrons par moment l’un derrière l’autre en prenant des relais comme en vélo…c’est usant…, mais aussi trés beau et magique avec la pleine lune, le bruit des vagues et les traversées de villages, encouragés par les nombreux spectateurs et bénévoles et 15 à 17° celsius
Après un trentaine de km, Claude va décrocher un peu, un peu trop vite pour lui, et un peu plus loin, Hervé lève le pied à son tour. Franck et moi maintenons l’allure, sauf une demi heure de marche, car Frank a des problèmes digestifs.
Ayant quasi le même niveau depuis plusieurs années, nous décidons de rester ensemble, d’autant que le balisage est « très limite », nous verrons plus loin…..
Le jour se lève déjà. Ca fait plusieurs dizaines de kms que nous apercevons le pont de RIO qui rappelle celui de MILLAU ou celui de Normandie. Nous passons aux 100km en 12h 30 et arrivons à la 1ère base à RIO à 109 km, aussitôt le pont, dont nous savourons la traversée de 2km, sous une bise matinale au dessus de la mer.
Ravitaillement un peu plus conséquent, changement de tee shirt et chaussettes, pommadage, rangement de la frontale, passage chez la kiné…..Nous repartons à 8h15, dans les 10 premiers ….avec à peine 2h d’avance d’avance sur le cut off. Pas aussi facile que prévue cette 1ère partie.
C’est maintenant parti pour les dénivelés. Devant nous se dresse le mont Panakhaikon et sa masse imposante. La montée commence sur route jusqu’à l’université de PATRAS, puis nous traversons une rivière (30à 40cm d’eau) et peu de temps après, une piste jusqu’au point culminant de la course : 1016m. ( soit 1000m+ en 14km)…..et 3h de montée
De là haut, à notre droite la mer Ionienne scintille sous le chaud soleil du matin et la vue est imprenable sur la ville de Patras et le pont de Rio.
Nous aurons plein de belles vues panoramiques toute la journée, le Péloponnèse est magnifique, avec encore de la neige, sur les sommets qui nous entourent.
Après la montée…la descente et à nouveau une succession de montées et descentes souvent trés techniques, avec des dénivelés entre 200 et 800m+/- !!.
Heureusement beaucoup de sources sur notre parcours vont nous rafraichir, car le soleil « tape » fort. Beaucoup de chiens également…mais pas d’agression !!
Après KEFALOVRISO, vers le 138ème km, un passage trés technique sur 3km : pas de piste, ni monotrace, mais …cailloux, rochers, ravins,….il faut une attention soutenue malgré la fatigue…et ça n’avance pas vite.
la journée s’achève après 2 erreurs de parcours qui nous coûteront 20′ mini de « jardinage ». Le balisage étant trés, trés « léger »…..pas ou peu de rappels de parcours, pas ou peu de croix sur les pistes à ne pas prendre et une peinture jaune peu visible. Une autre erreur va nous coûter 3/4h la nuit suivante….et quelques kms en plus, nous retrouvant Franck et moi dans la montagne face à un torrent,une cascade, et une falaise devant nous…..fin de la piste et…. 1/2 tour…rageant! .En bas à la bifurcation, une balise lumineuse s’était soit décrochée? ou envolée?, soit déplacée?….nous la remettons sur le bon chemin !!. Entre temps, je pense que personne n’était passé, car à ce moment nous n’étions plus nombreux en course.
J’ai de plus en plus mal en haut du quadricep gauche,(contracture), ça ne va pas s’arranger et la cadence s’en ressent. Nos chaussures de route ne sont pas du tout adaptées à ce terrain, elles vont ajouter des difficultés aux difficultés et seront quasi détruites, au terme de notre épopée !!!!
Nous pensions arriver à la 2ème base à KALENTZI (183km)avant la nuit, mais nous sommes loin du compte, presque hors délai, quand nous apprenons que les barrières horaires sont augmentées d’une heure, puis complètement annulées compte tenu du nombre d’athlètes restants sur le parcours.
La nuit est trés fraîche en montagne, contrairement à la nuit précédente du bord de mer. Franck a laissé son coupe vent à la 1ère base, il a froid et va se servir de sacs poubelles et autres artifices afin de tenir jusqu’à la prochaine consigne….Avec 3 couches, je suis limite, mais ça va.
….A KALENTZI, nous retouvons notre consigne, le ravitaillement , là aussi minimum, (comme le balisage). Nous arrêtons un bon moment. Je me fais masser le quadricep, mais c’est pire qu’avant, je n’arrive plus à plier la jambe. Pendant ce temps, Franck soigne ses ampoules, puis passe au massage,(lui aussi, ses quadriceps fatiguent beaucoup) où il va s’endormir sous sa couverture…quelques mn.
Le froid nous saisi,(nous sommes à presque 1000m d’altitude), il nous faut repartir …en marchant….tant que ça avance…..et la 2ème nuit se termine, tant bien que mal, avec toujours des difficultés techniques et des « flashs » de sommeil.
Après SKIADAS, au petit jour, 3 coureurs reviennent vers nous, Denis LECONTE, Juan Carlos PRADAS et le Belge André LINDEKENS, dépités. Ils ne trouvent plus les balises, cherchent depuis un bon moment et veulent abandonner. Nous, nous n’avons pas envie…tant que nous pouvons mettre un pied devant l’autre !!
Nous les décidons à repartir ensemble. Arrivés à l’endroit critique, je les laisse chercher, afin de soulager un peu ma jambe, Franck doit venir me rechercher. Il revient après 20mm, le chemin retrouvé, les autres sont repartis. Franck me dis que c’est trés technique et que je vais avoir beaucoup de mal à passer. Il n’est pas chaud pour repartir seul, la fatigue, la forte chaleur (+30°) attendue la journée, plusieurs heures à galérer…..il est 7h de matin environ, c’est l’arrêt réfléchi et décidé. Notre périple s’arrête en début de matinée, après à un peu plus de 203 kms tout près l’entrée de la célèbre forêt féérique de FOLOI , seule forêt de chênes plate de Grèce datant de l’antiquité…
Nous repartons vers le ravito précédent. Nous serons classés à la distance, 10ème à 203.700km ( près de 210 en réalité, et plus de 5000m+ d’après les GPS !!!). C’est déjà une sacrée perf, compte tenu du niveau et du nombre de finishers : 5, dont 3 dans le délai de 43h.
Nos 3 amis, repartis, vont d’ailleurs passer une partie de la journée pour faire 30kms de plus, arriverons trés fatigués, avec les ravitos fermés, obligés de prendre un taxi puis terminer les 6 derniers kms et passer symboliquement la ligne d’arrivée.
Les 1ers étaient attendus samedi à 21h (soit 27h de course)…ils sont arrivés dimanche matin à 9h…soit + 12h sur le temps prévu et 39h de course.Cherchez l’erreur…les organisateurs n’ont pas mesurés la dureté de leur épreuve.
(En 2008 j’ ai fait l’Olympienne : 180km en 24h 09, Delphes-Olympie 203km en près de 38h !!! )
L’Allemand, MICHAEL VANICEK, vainqueur avec le finlandais JUHA JUMISKO, ayant terminé le SPARTATHLON 246km en 25h !!…..met 39h sur quasi la même distance.
Hervé et Claude ont été perturbé dans leur préparation respective, (tendinites au talon d’Achille). Il fallait être au pic de sa forme pour faire, cette épreuve. Ils ont tenu 152.200 km, ce qui est trés respectable.
Aucun de nous quatre n’est déçu, compte tenu des circontances. Nous ne savons pas si cette course (et son magnifique parcours) aura lieu à nouveau. Mais nous sommes tous prêts à repartir…..Sous conditions d’améliorations notables de l’organisation. Nous étions les pionniers et avons subi, les aléas qui vont (parfois) avec une 1ère… Les organisateurs vont, j’éspère en tirer les enseignements et il y a pas mal de choses à améliorer; (barrières horaires, marquage, ravitaillements, sécurité, médical …(un médecin jusqu’au 109km seulement!!), et le suivi de la course et des coureurs, car certains n’ont pas respecté le réglement …..pas d’équipement, ni frontale et suivi par des accompagnateurs hors zone…
Pour ma part, il n’y a pas grand chose à changer, côté boisson et alimentation : OK, préparation OK,( sauf ne pas faire un 10km en moins de 40′ une semaine avant, pas trés bon pour les quadriceps), passer aux 100kms en 13h et surtout mettre des chaussures de trails après les 100kms de macadam, les chaussures « routes » n’étant pas du tout adaptées au terrain.
Avec Franck, nous avions à peine 2h d’avance sur le cut off time après RIO.., et nous avons fait en sorte de ne pas trop perdre de de temps, en prévision de la fin de course et ses aléas. Nous étions à mi course, 4ème , 3h seulement derrière les premiers, ne sachant pas encore, que les délais seraient augmentés, une 1ère fois d’1 heure, puis ….annulation des barrières horaires, ne restant plus de 17 concurrents en course. Avec des barrières horaires adaptées, nous aurions, peut-être, géré différemment.
Notre séjour de 10 jours en GRECE, sous le soleil, avant, pendant et après course nous laisse un excellent souvenir à tous…..
Prochain objectif pour moi L’ UTMB fin août…ça va peut-être me sembler facile ??
RESULTATS
Résultats Delphes-Olympie
Quelques photos….. pas toujours dans l’ordre…mais bon!