La 5ème édition de l’ OLYMPIENNE (180 km et 3700m+)( la course a lieu tous le 2 ans) s’est déroulée sans son coorganisateur Français Auguste LESPINAS, décédé trop vite de maladie il y a quelques mois. Tous les coureurs lui ont rendus hommage.
Cette course, les coureurs d’Ultra du Jogging Club l’ adorent. Après Chantal HATON et Hervé GOMES en 2004, Franck PLANCON, Chantal HATON, Jean-Paul GOBEAUX, Philippe AUBERGER et moi en 2006, j’y retourne à nouveau cette année (après mon échec en 2006) entrainant Claude AUBRY dans l’aventure. Les difficultés et la beauté des sites y sont pour beaucoup
Et c’est bien une aventure que de parcourir 180km et 3700m+ non stop avec des temps de passage imposés et des températures de 25 à 30° le jour et inférieures à 10° la nuit à 1500m.
Nous sommes 72 cette année dont 15% de féminines et 12 nationalités acceptés à courir (les coureurs sont pris sur dossier avec un minimum de références en courses d’ultra fond).
N’ayant pas supporté la chaleur, il y a 2 ans, j’avais décidé de ne pas partir vite. Après les discours des officiels sur le stade antique de NEMEA, le départ est donné à 14h30, avec une température de 27°,supportable.
Dans la moitié du peloton, avec Claude AUBRY tout va bien dans les 1ers kms, ravitaillement en solide minimum et boissons à volonté. Beaucoup trop, car au 33ème km à SKOTINI après le ravitaillemnt : Grosse « gerbe », tout est resté dans l’estomac. je ne suis pas fatigué, ce n’est donc qu’un trop plein mais il va falloir repartir à zéro en alimentation et boisson. Ca tombe mal, car nous attaquons la nouvelle piste de 2 km pleine pente. Je laisse filer Claude et d’autres et marche volontairement 3/4h jusqu’en haut du col. Dans la descente trés longue vers KANDYLA, ça va beaucoup mieux, les sensations sont bonnes, le vent se lève et nous raffraichit tous.
Au 1/3 de course à LEVIDI : massage pendant le ravitaillement, il est 21h40, nous partons Claude AUBRY, Delphine VUILLIER et la Suissesse Emilia RAIS « attaquer » la grosse difficulté de la nuit, 800m de dénivellé dans la sombre forêt de sapins et point culminant de la course à 1490m. le prochain ravitaillement est à 22,7 km.
la montée se passe à bonne allure, je calme un peu Emilia dont c’est la 1ère course d’ultra, des discussions sur tous les sujets, et des moments de silence de Delpine que nous respectons , et qui doit penser à Auguste son compagnon, avec qui elle avait fait toutes les éditions. Quel courage, elle ira au bout. Je pense aussi beaucoup à Auguste et à Toutoune, je les sens au dessus dans la nuit étoilée,qui nous encouragent, pour eux, je terminerai…..
Dans la descente, le groupe s’effrite, je me sens bien, tous les coureurs ont remis le coupe vent, je reste en tee shirt, je met le coupe vent une heure car j’ai froid aux mains.
Je me régale toute la nuit et remonte au fur et à mesure des coureurs, quelques mots d’encouragements..et ça repart. Surprise vers le 105ème km, je double le Russe Alexander FALKOV qui avait fait le podium en 2006. Peut-être s’est-t-il « grillé » car devant : 2 « avions » sont partis, l’Américain Topher GAYLORD et l’Allemand Jan PROCHASKA qui vont exploser le record de l’épreuve. Quelques ravitos étant à peine ouverts, ne les attendant pas sitôt. l’Espagnol Eusebio BOCHONS sur le podium en 2006 également, n’est pas trés bien non plus. Rien n’est jamais gagné en course d’ultra, il faut rester humble, mais tout peut se produire également.
Surprise également, nos accompagnateurs, , Monique, Maryse et James ne sont plus au ravitaillemnt. j’ apprend que Claude s’est trompé avec Emilia, d’autres coureurs ( 7 au total ) se tromperont également….mais aussi nos accompagnateurs…au même endroit. Pas facile de se retrouver la nuit dans le Péloponèse sur les petites routes avec une signalisation minimum ou nulle.
Tout revient dans l’ordre, mais Claude se trouve maintenant à plus d’une heure : pas facile de suivre les 2 coureurs.
Le jour se lève, le soleil magnifique derrière les montagnes, les odeurs sont accentuées : odeurs des plantes, des bergeries…longtemps seul à ce moment j’apprécie tout ce qui m’entoure. Grosse frayeur quand même quand un chien de berger, tous crocs dehors ne veut pas me laisser passer sur la piste. Je m’arrête, nous nous regardons dans les yeux un moment, ça grogne, mais pas de panique ça passe doucement, s’il attaque, je « gueule » le plus fort possible. Les brebis et chèvres s’en mêlent heureusement, il retourne à son boulot….chaud…chaud
les heures passent, le soleil chauffe trés rapidement. Je retrouve nos accompagnateurs au 145ème km, Claude est bien reparti avec un petit coup au moral suite à son erreur. Nos amis Champenois Bernard LLAGONNE et Antoine PIERSON sont toujours en course.
Au 160ème, j’accuse un bon coup de fatigue. Trop vite ?? trop peu mangé??? la chaleur qui s’accentue fortement???
Ma chère épouse Monique, qui d’habitude m’aurait demandé de m’asseoir, me dit de rester debout, de trottiner….et repartir rapidement…j’exécute
Il ne reste que 20kms, c’est quasi fini. j’ avale 2 verres de coca et quelques tucs. Sur la piste suivante en 2 km, les sensations reviennent, je ne vais plus m’arréter de courir jusqu’à l’arrivée. je double l’Allemand Jurgen ZUTH, puis un GREC et l’ Anglais Peter FOXALL, je reçois à chaque fois leurs encouragements, beaucoup d’amitiés et de solidarité entre les coureurs d’ultra.
J’arrive dans le dernier virage et surprise, je ne reconnais pas la ligne d’arrivée. Je pense qu’ elle a été avancée sur la route, mais en voyant le stade Olympique, je constate que les collines et le pourtour du site d’Olympie ont entièrement brulés l’année dernière. J’ai une pensée pour Auguste LESPINAS et notre ami du Club Toutoune, et passe la ligne en 11ème position, 3ème Français en 24h09′. Je reçois avec beaucoup d’émotion ma couronne de d’olivier…..que du bonheur.
C’est ensuite, la prise de sang, prélèvement de salives et urines tout comme avant le départ, pour une étude sur l’évolution des hormomes faite par l’université de PATRAS.
Claude arrive 17ème en 25h42′, Antoine PIERSON (chirgurien à Charleville Mezières) m’ épate en terminant 15ème en 24h44 après avoir fait la NOVE COLLI la semaine précédente en Italie 202km et 4500m+
Bernard LLAGONNE d’ AY termine pour la 3ème fois l’épreuve en 26h 10′
47 coureurs terminent sur 72 partants
Bravo et merci à l’organisation pour l’accueil qu’elle nous réserve tous les 2 ans, merci aux accompagnateurs français et étrangers qui nous encouragent et merci à la population locale trés accueillante, dans les villages traversés et qui tiennent souvent eux mêmes les ravitos.
Jean-Claude PAROLI
Photos de la course et des jours suivants en récupération en GRECE dans la photothèque dans quelques jours.
les connaisseurs reconnaitront EPIDAURE, DELPHES, le monastère d’ OSIOU LOUKA……